THE METAVERSE !

THE METAVERSE !

Aujourd’hui, LightMeUp vous parle de l’univers mystérieux et non moins fascinant du “metaverse”, ou métavers en français.

Alors que le nouveau logo “meta” que l’on a vu récemment apparaître sur nos applications Facebook, Instagram et Whatsapp semble annoncer un changement progressif de notre rapport à Internet, on ne peut que s’interroger : Que s’est-il passé entre le moment où le métavers n’avait de réalité que dans les dystopies des auteurs de sciences-fictions et celui où il est envisagé sérieusement comme successeur de l’internet que nous connaissons?

Les férus de l’univers du gaming auront probablement un temps d’avance sur la compréhension de cette notion qui est une réalité pour certains jeux vidéos tels que Fortnite ou Roblox. Pour les autres, on vous rappelle en deux mots en quoi consiste le métavers avant d’aborder les grandes questions qu’il soulève.

Comprendre la notion du métavers en deux (ou trois) mots

Concrètement, qu’est ce que le métavers?

En faisant quelques recherches sur cette notion, on apprend rapidement que le mot même de "metaverse" n’est pas né avec le projet de Mark Zuckerberg. Il serait apparu dans les années 90 dans un roman dystopique d’un certain Neal Stephenson dans son roman Snow Crash (ou Le Samouraï virtuel).

Dans son roman, le Metaverse est un univers collectif virtuel qui est bâti le long d’une route qui fait le tour de la planète fictive dans laquelle se déroule l’action. Grâce à cet univers et le savoir illimité qu’il offre, le hacker Hiro Protagonist parvient à déjouer un puissant mafieux qui a pour ambition de contrôler l’esprit humain.

Si cette vision futuriste est séduisante, nous tâcherons d’avoir une vision plus actuelle et pragmatique de cette notion. Dans son essai sur le métavers, Matthew Ball nous donne deux exemples qui, à notre sens, illustrent parfaitement la notion de métavers.

Le premier exemple est parlant. Il explique que si l’internet actuel était un centre commercial, chaque boutique qui le composerait utiliserait une monnaie qui lui est propre. L’expérience de l’utilisateur serait unique et propre à chacune des boutiques, elle aurait un commencement et une fin, matérialisées par l’entrée et la sortie de la boutique. Le métavers permettrait d’aller encore plus loin en interconnectant l’ensemble des boutiques de ce centre commercial qui utiliseraient la même monnaie pour reprendre l’exemple. L’expérience de l’utilisateur serait alors continue, et ne serait interrompue qu’à la sortie du centre commercial et non de chacune des boutiques.

Le deuxième exemple est dédié aux adeptes de Tim Burton. On peut voir le métavers comme l’univers dans lequel gravite Jack, dans l’animé The Nightmare Before Christmas (ou l’Etrange Noël de Monsieur Jack) dans lequel il est possible d’aller d’un monde à un autre, chacun de ses mondes étant bien réels et parallèles entre eux.

On pourrait donc définir le métavers comme un univers virtuel et physique qui serait un prolongement de l’internet actuel que nous connaissons. Il ne s’agit donc ni d’un univers fantastique, ni d’une économie parallèle mais bien d’une réalité partagée par plusieurs individus. Il ne s’agit pas non plus d’un jeu bien qu’un pan du métavers pourra être dédié à l’entertainment. Matthew Ball souligne à juste titre que considérer le métavers comme un jeu reviendrait à considérer que Google est Internet. On comprend tout de suite la nuance.

Le métavers n’est donc pas non plus un concept nouveau. Il est étroitement lié au fondement d’internet : l’interconnexion. Celle-là même ne date pas d’hier, rappelle Matthew Ball. Dès 1945 (oui oui!) Vanneber Bush décrivait un outil fictif, le “Memex”, qui recensait un ensemble de livres, communications, enregistrements, tous liés entre eux par association. Cet écrit allait permettre de formuler par la suite la notion d’hypertexte sur laquelle est bâtie le World Wide Web, fondement de l’internet actuel. Le métavers est donc une pierre à l'édifice qui poursuit cette idée d’interconnexion, en le rendant physique.

Maintenant que la notion de métavers est mieux comprise, nous vous proposons de nous pencher sur quelques questions qu’elle soulève.

Quelques questions que soulève la notion de métavers

Qui détiendrait le métavers ?

C’est une question qui en taraude plus d’un, et à juste titre ! Cette question est d’autant plus d’actualité que le géant Facebook se positionne explicitement aujourd’hui en précurseur du développement du métavers.

Dans une interview donnée à The Verge, Mark Zuckerberg souligne à plusieurs reprises qu’il n’envisage pas le métavers comme étant le monopole d’une entreprise. Il estime que le métavers doit être l’aboutissement d’un travail collaboratif de la communauté open-data. On comprend l’idée : de la même manière qu’internet n’a pas été le produit d’une entreprise, livré à sa forme actuelle, dans les années 90, il n’y a aucune raison que le métavers le soit demain. Il sera nécessairement l’aboutissement d’un travail collectif d’une diversité importante d’acteurs. Mais de la même manière que l’on a vu des super-puissances s'ériger autour de l’usage d’internet (Google, Facebook, Amazon), on peut légitimement attendre la même chose du métavers, à une échelle plus conséquente.

Une échelle plus conséquente, pourquoi? Tout simplement parce que la construction du métavers nécessitera un développement technique plus abouti : un univers 100% virtuel doit être conçu par des designers, mis en place par des programmateurs informatiques, permettre une "interopérabilité" entre tous les acteurs du monde économique. On imagine le chantier… et les moyens qui devront être déployés pour le faire. Il est tout à fait envisageable qu’un monopole d’entreprises se construise autour du métavers.

Quelle utilisation en ferions-nous ?

En imaginant l’utilisation du métavers, on peut tout de suite penser à un scénario catastrophe tout droit sorti de la série Black Mirror. Et ce ne serait pas à tort : l’utilisation du métavers va nécessairement soulever des débats juridiques et éthiques plus poussés que ne le fait internet aujourd’hui.

Dans notre vie professionnelle par exemple. On n’a cessé de répéter que la pandémie du Covid-19 avait rebattu les cartes du télétravail en laissant place à notre nouvel outil préféré : la vidéoconférence. Quand on y pense, il est d’ailleurs intéressant de constater que la vidéoconférence, telle que Zoom, est en réalité un prémice du métavers : un “univers” virtuel dans lequel plusieurs personnes se retrouvent en temps réel. Mark Zuckerberg se projette : Imaginez maintenant qu’à la place de fixer un écran, vous puissiez entrer dans une salle de réunion fictive et retrouver vos collègues, interagir avec eux et voir leur réaction.

N’est-ce pas là ce qui manquait aux défenseurs du télétravail? Une manière de conserver un lien perdu avec leurs collègues?

Sortons maintenant de la sphère professionnelle pour nous détendre. Vous souhaitez vous rendre au concert de votre artiste préféré, mais vous êtes en plein milieu d’une pandémie mondiale de Covid-47? Pas d’inquiétude, le métavers vous permet de vous y rendre depuis votre canapé. Est-ce une innovation? Non! En réalité, le jeu vidéo Fortnite avait accueilli un concert de Travis Scott en avril 2020. On vous avait bien dit que les adeptes de jeux vidéo auraient un temps d’avance…!

De nombreux scénarios peuvent ensuite se succéder : la possibilité d’être proches, dans cet univers virtuel, de personnes géographiquement loin, la possibilité d’accès à une consultation médicale à distance en une version nettement optimisée, etc.

Encore une fois, il n’est évidemment pas question d’occulter les difficultés que la mise en place du métavers impliquerait. Celles-ci seront de taille, et marqueront un tournant colossal dans nos habitudes.

… Et tout ça, à quelle échéance ?

Nous l’avons évoqué tout à l’heure : Internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui, ne s’est pas fait en un jour. Il a connu des améliorations qu’on ne liste plus, tirées de l’utilisation qu’en font les utilisateurs. En effet, pour poursuivre sa métaphore sur le centre commercial Matthew Ball précise : un centre commercial n’attire pas les gens juste parce qu’il est là. Il a été bâti pour répondre à des besoins, comme toute infrastructure ou tout service qui est développé. La prochaine décennie sera donc décisive sur la construction que nous souhaitons faire du métavers.

Anne-Isabelle Legouy