Épisode 2 - Design Sprint: d'où ça vient ?
Maintenant que vous savez ce qu'est la méthode Design Sprint, chez Light Me Up, nous pensons qu'il pourrait être intéressant de vous expliquer d'où vient le design Sprint, et vous présenter les différentes étapes qui ont conduit à la création de ce processus innovant.
Alors d'où vient le Design Sprint ?
Pour cela, commençons par un petit voyage dans le temps et remontons à l’an 2000, lorsque Jake Knapp intégrait Microsoft pour travailler sur un produit appelé Encarta. Si ce nom ne vous évoque rien, pas très étonnant, c'était il y a fort longtemps et surtout Internet n'avait pas décollé comme il l'a fait aujourd'hui.
Encarta était en quelque sorte l'encyclopédie digitale de Microsoft. C'était un ensemble de contenu créatifs , articles, photos et vidéos organisés et édités sur CD-ROM pouvant être intégrés à vos ordinateurs (Oui c'était une autre époque, celle du début de l'ère digitale).
Malgré un contenu de très haute qualité, un problème majeur persistait avec Encarta, celui de s'adapter correctement mais surtout rapidement. En effet, comme les œuvres "physiques", chaque année l'Encyclopédie Encarta avait un besoin d'être renouvelée et de proposer une nouvelle édition pour l'année suivante.
Or, à cette époque, il fallait environ un an pour construire un produit. L’approche restait classique: nous avions une idée et nous la concevions, la spécifions, la construisions et la testions au cours de l'année. Mais ce n'était pas si évident, puisque même en une année complète, il était souvent difficile d'analyser si le produit avait été une réussite ou non. Donc chaque année la réédition était comme une course à l'aveugle.
Mais pendant que tout cela se passait au début des années 2000, il y avait d'autres projets qui se créaient, se développaient et se propageaient, comme par exemple Google et Wikipédia. Puisque oui, c'est bien à cette époque que Google a pris le dessus !
En effet, le géant commençait à peine à décoller en l'an 2000, mais de plus en plus d'internautes effectuaient leurs recherches sur ce moteur de recherche et étaient rediriger automatiquement sur les articles Wikipédia, ce qui permis à ce dernier de rapidement fructifier.
Pour Encarta, c'était une expérience très frustrante à observer car les articles Wikipédia étaient généralement de qualité bien inférieure à ceux disponibles sur Encarta -puisque oui Wiki était déjà rédigé par les internautes à cette époque - mais ils étaient rapides et immédiats et aussi faciles à obtenir … Au fil du temps, les gens cessèrent de s'intéresser à Encarta, l’Encyclopédie sur CD-ROM de Microsoft et privilégièrent ainsi Google et Wikipédia , qui sont par la suite devenus la norme d'Internet. Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur comment Wikipedia a évincé Encarta de Microsoft, voici ici un article très intéressant sur le sujet.
Bon revenons à nos moutons, ou plutôt au Design Sprint et à sa création.
C'est en 2007 que nous nous retrouvons, lorsque Jake Knapp (créateur du Design Sprint) intégra Google avec un souvenir amer sur le projet Encarta, en pensant à ce qu’ils auraient pu faire différemment pour mieux s'adapter.
“Je m'étais vraiment intéressé à la façon dont les équipes travaillent ensemble et à la façon dont elles ont construit des logiciels et je me suis dit que s'il y avait un endroit où ils l'avaient compris, c'était bien Google. Google est intelligent et rapide et constitue en quelque sorte les moyens les plus récents et les plus efficaces de créer des logiciels.”
L'innovation de Microsoft à Google ...
Chez Google, Jake Knapp intégra une équipe pour travailler sur un projet, qui ne vous est sûrement pas inconnu puisqu'il s'agit de la messagerie GMAIL qui compte aujourd'hui plus de 1,8 milliard d'utilisateurs.
Mais après plusieurs mois de travail sur le projet, le constat était le même que chez son employeur précédent Microsoft.
“Vous savez, je m'attendais à ce que ce soit quelque chose de totalement différent en fait, nous avons parlé d'aller très vite et de faire les choses très rapidement, mais quand j'ai vraiment regardé ce qui se passait, c'était tout à fait la même chose que ce que nous faisions à Microsoft."
Eh oui, le processus était finalement très similaire : imaginer et développer une nouvelle idée prenait des mois voire des années et il était très difficile de prévoir son succès.
Mais chez Google, il y avait déjà quelque chose de cool, que peu d'entreprises préconisaient encore : les employés pouvaient consacrer 20% de leur temps de travail à des projets personnels. C'est ainsi que Jake Knapp commença avec deux acolytes, à travailler sur un nouveau projet appelé Google Meet, l'idée était de faire de la vidéoconférence dans un navigateur Web. (surement avaient-ils pressenti 2020 et la pandémie mondiale).
Mais après près de 2 ans d'idées, de débats, de prises de décisions, de pas en avant et de pas en arrière, Jake fit un constat simple : la méthode n’était pas la bonne.
Puis un jour ...
C'est donc en 2009, lors d'un séjour à Stockholm où il retrouvait ses deux acolytes du projet Google Meet pour une petite semaine, qu'ils eurent une idée : consacrer les prochains jours à leur projet et uniquement au travail de celui-ci.
Choses dites, choses faites, ils effacèrent chacun leur agenda, se coupèrent de toutes distractions et se concentrèrent pendant une semaine à leur projet. L'objectif de cette semaine était simple : arrêter de discuter de ce qui serait parfait et idéal pour le projet et plutôt créer ensemble et rapidement un prototype fonctionnel.
Et ils l'ont fait, en fin de semaine, une interface avait été créée, c'était un outil un peu imparfait mais pertinent et fonctionnel. Puis les équipes Gmail ont commencé à l'utiliser pour leur réunion, puis une autre équipe et une autre et ainsi de suite, le projet Google Meet/Hangout était né.
"Ce qui était vraiment cool pour moi dans tout cela, c'est que nous étions passés d'un processus comme celui-ci où il n'y avait pas de ligne d'arrivée claire où nous n'étions pas exactement sûrs de ce que nous disputions et discutions. À la place, nous essayions d'obtenir un accord et nous avions travaillé très rapidement sur le prototype et une fois que ce prototype existait, une fois que nous avions l'engagement et l'élan, tout a commencé à se mettre en place et ce produit était sur la bonne voie pour réussir."
La révélation
Une fois de retour, Jake Knapp repensait à cette semaine et ce qu'ils avaient réalisé en seulement quelques jours. Il le savait, il y avait ici une réelle opportunité : de recréer la magie de ce qui s'était passé à Stockholm. Puis il comprit que ce qui stimulait cet élan et cette ardeur était la délimitation dans le temps. Jake n'avait pas la prétention de pouvoir réinventer le processus d'innovation de A à Z , ni même l'expertise suffisante pour le faire, mais il pensait pouvoir changer la façon dont Google appréhendait et démarrait ses projets.
Il en est persuadé, si les équipes ont le sentiment que c'est quelque chose qui vaut la peine d'être exécuté et d'être mis sur le marché, elles gagneront confiance et avanceront dans une même direction avec un certain élan. Ainsi en avançant rapidement de cette manière, le projet ne rétrograde pas (vous connaissez tous sûrement le cas d'un pas en avant - trois en arrière) c'est peut-être subtile mais c'est pourtant très important dans le lancement d'un projet.
" Cette contrainte de temps peut être un exercice très difficile, mais aussi très amusant puisque cela nous pousse à donner le meilleur de notre contribution en un minimum de temps."
C'est ainsi qu'en 2010, Jake Knapp utilisa ses 20% de temps libre chez Google pour se consacrer à son nouveau projet : créer le Design Sprint.
L'objectif était de trouver la recette de la semaine parfaite de Sprint. Il commença d'abord en interne avec les équipes de Google pour la comm ou la recherche, puis pour des projets comme Google X ou Google Chrome. Au fur et à mesure, il observait les résultats, modifiait et affinait le processus pour l'adapter au mieux à chaque fois.
L'intégration du Design Sprint chez Google Ventures
Après près d'une douzaine de Design Sprint, il intégra la branche Google Ventures, spécialisée dans l'accompagnement des startups.
C'était un défi de taille mais très stimulant pour Jake, puisque c'était une toute nouvelle cible, plus agile mais avec des moyens bien différents du géant Google. En effet, les ressources temps et argent ne sont pas les mêmes, pour une startup il est suicidaire d'engager toutes ses équipes dans une unique direction, si celle-ci n'est pas la bonne. Le temps n'est pas illimité et ils se doivent de savoir s'ils sont sur la bonne voie, et doivent être prêts mentalement à pivoter intelligemment au cas où ils auraient eu tort. Mais le problème reste assez similaire, le produit n'est pas forcément établi et l'on doit trouver si ce produit convient au marché; or, c'est un travail qui demande du temps et de l'argent, dont manquent cruellement les startups.
C'est donc auprès de ces nouvelles cibles, des startups de domaines divers et variés, que Jake Knapp et ses acolytes, ont travaillé et retravaillé la méthode du Design Sprint pour l'améliorer et l'affiner de manière à ce qu'en quelques jours seulement, les entreprises apprennent réellement quelque chose sur leur produit et obtiennent et collectent des données et des retours indispensables sans même avoir à faire de lancement.
Le Design Sprint est né, son livre aussi
Ainsi en 2016, après avoir organisé près d'une centaine de Design Sprint, Jake Knapp, John Keratsky et Braden Kowitz, confiants de leur méthode souhaitent présenter le Design Sprint au monde et sortent leur premier livre "Sprint - Comment résoudre les problèmes et trouver de nouvelles idées en quelques jours."
Un livre fascinant et agréable à lire avec une méthode parfaitement illustrée et des exemples concrets. Ce livre et cette méthode ont le potentiel de changer durablement la manière dont fonctionne votre entreprise. À mettre d'urgence dans toutes les mains (designer, managers produits, cadres, développeurs...).
Nous revenons d'ailleurs sur cette méthodologie précise étape par étape dans l'article "La recette ultime du Design Sprint".
Et si vous souhaitez en savoir plus, ou si vous n'aimez pas lire, vos amis de chez Light Me Up sont là pour vous orienter ! Prenez contact.